mercredi 13 mai 2009

Clarinettes Système Double Boehm D-B


Détails de deux modèles de clarinettes DB - Double Boehm

Charles Houvenaghel, (1878-1966) célèbre acousticien, collaborateur de la marque Leblanc, invente vers 1925 de nouveaux cleftages ingénieux de saxophones dits Rationnel et Semi-Rationnel ainsi que dans les années 1930 de nouveaux modèles de clarinettes graves en métal, de la basse à l'octo-contrebasse, toujours pour la marque française Leblanc.

La seconde guerre mondiale mettra un frein à ses inventions, mais dès le 28 juillet 1948, il déposera une demande de brevet français pour un système de clarinette dit "Double-Boehm". Celui-ci lui sera délivré le 31 mai 1950, sous le n° 969732 (FR)

Le principe est simple: la séquence d'enchaînement des notes du système Boehm établie pour la main droite de l'instrumentiste (SOL les 3 anneaux fermés, LA pour les deux premiers, puis SIb pour le premier tout seul, soit 1 ton, 1 ton, puis 1/2 ton) est reproduite à l'identique pour la main gauche, soit DO avec les 3 anneaux fermés, RE avec les deux premiers et MIb pour l'anneau de l'index gauche tout seul; Le MI se fait avec le deuxième anneau seul.

Les avantages:

- les doigts de la main gauche sont plus rapprochés, très utile pour les débutants
- le Mib étant maintenant un doigté simple, plus besoin de correspondance entre les deux corps de l'instrument.
- les notes et harmoniques aiguës sont plus faciles d'émission



brevet français n° 969732 par Charles Houvenaghel
système Double-Boehm
demandé le 28 juillet 1948, délivré le 31 mai 1950,

Une société anonyme dite "D-B" ou "Société Anonyme du Double-Boehm" est créée vers 1949 pour développer ce système et pour commencer la production. Elle sera installée à Paris au 6 passage Dantzig en 1955, avec une usine à Monthou sur Cher dans le Loir-et-Cher (41).


Selon un prospectus et une liste de prix pour 1959, Elle fabriquait des clarinettes selon les systèmes Boehm et Double-Boehm et avait aussi une activité de revente d'instruments en cuivre d'ordonnance à destination des fanfares : Les clarinettes portant le logo D-B ne sont donc pas toutes des clarinettes du système Double-Boehm !

bec D.B fabriqué par la maison Lelandais, vers 1960



Brevet français déposé par la Société Anonyme du Double-Boehm le 2 novembre 1956 et délivré le 10 février 1958

Les innovations portaient aussi sur de nouveaux matériaux pour la construction des corps d'instruments et pour les clés, et une nouvelle conception des perces des corps pour faciliter l'émission des notes dans tous les registres.

Au moins quatre modèles de clarinettes Double-Boehm sont connus, avec plus ou moins de clés, des matériaux différents et formes de têtes de clés suivant ou pas les brevets d'Houvenaghel (1948-1950) et de la Société du Double-Boehm (1956-1958).



publicité américaine pour le Double-Boehm, vers 1960
remarquez l'index gauche: anneau simple et non plateau percé





A: suppression de la correspondance
entre les deux corps de l'instrument


B: clé de mi bécarre pour triller avec l'annulaire gauche

Malgré d'indéniables progrès acoustiques, ce modèle dit "Double-Boehm" ne trouvera jamais un véritable public, le changement de doigté et certaines tonalités difficiles techniquement étant probablement les véritables écueils.

L'activité cessa en 1967 suite à la dissolution de La Société Anonyme du Double-Boehm qui avait alors à sa tête comme principaux actionnaires Henry Belang de la maison Persy à Bruxelles et le baron de Cassin de la Richardière.

Cet article est extrait de la revue Larigot spécial XVIII de mars 2007, éditée par l'Association des Collectionneurs d'Instruments de Musique à Vent (ACIMV)

jeudi 16 avril 2009

Timbre 1977 de RDA: Musée de Markneukirchen

Anciens instruments de la région du Vogtland
au musée de Markneukirchen (D):

- hautbois de Johann Georg OTTO, daté 1785
- flûte tierce de Johann Gottfried JÄGER, datée 1817
- petite clarinette en Fa, par JEHRING, ca.1830

A quand un timbre poste français illustrant le musée de La Couture-Boussey ou celui de la Musique à Paris ?

vendredi 27 mars 2009

de la clarinette d'amour à la contrebasse

From the Clarinet d'Amour to the Contra Bass
A history of large size clarinets - 1740-1860
Albert R. Rice, Oxford University Press, 2009
ISBN 978-0-19-534328-1

De la clarinette d'amour à la contrebasse:
une histoire des clarinettes de grande taille de 1740 à 1860.

couverture: clarinette basse à 5 clés de Nicola Papalini
vers 1825, Chiaravalle, Italie
(Musée des instruments de musique -MIM- de Bruxelles)
"Le Rice nouveau est arrivé, à consommer sans modération ..."

clarinettes en Bretagne

sonneurs de clarinettes en Bretagne
(carte postale ancienne ayant voyagée en 1906)

jeudi 26 mars 2009

clarinettes modèles anglais vers 1900-1930

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A la fin du XIXe et au début du XXème siècle, chaque pays avait ses propres habitudes en matière de clarinettes, et les fabricants devaient s'adapter à chaque marché. Ainsi, certains points précis détaillés dans la photo ci-dessus nous montrent les spécificités des modèles anglais du premier tiers du XXème siècle.

a/ la grande clé de sol# (G#) main gauche, sûrement le détail le plus facile à repérer pour un néophyte; elle permettait l'appui aussi bien par l'index que le majeur gauche.

b/ les bagues en métal sont complètement plates, sans les nervures habituelles pour les modèles français.

c/ Le trou de registre (clé de 12e / register key) est ouvert sur le dessus et non en dessous (modèle français) ou sur le côté (modèle allemand). Cette ouverture sur le dessus est l'invention du facteur Simiot à Lyon au début du XIXe siècle afin d'éviter le bouchage de l'orifice par l'eau ou la salive. Bien qu'abandonnée sur les modèles français, cette clé sur le dessus se retrouve aussi sur les clarinettes prévues pour les marchés américain et belge du début du XXe siècle.

d/ Le système Barret (deux anneaux main gauche prévus pour le majeur et l'annulaire, dit "Barret action") est caractéristique des clarinettes anglaises et américaines. Ce système, inventé par un hautboïste français, Mr Apollon Barret (1804-1879), est aussi utilisé sur le hautbois. L'appui sur la clé D' permet de jouer plusieurs notes ou trilles difficiles sur les clarinettes modèle simple, en fonction des autres doigts posés:
1/ avec l'index gauche seul (MI) , l'appui de la clé d' donne un Fa
2/ avec index et majeur (Ré) elle donne un Mib
3/ avec le doigté ci-dessus, le trille DO/Mib est facile en ne bougeant que l'annulaire gauche

e/ Système Clinton avec plateau décalé pour le majeur droit et connexion à un trou de résonance sur le côté droit de l'instrument. Invention de Arthur Clinton, professeur de musique, clarinettiste et chef-d'orchestre anglais à la fin du XIXe siècle.

f/ Clé de do#sol# avec axe au centre de la clarinette et patte de blocage pour aligner les deux corps de l'instrument, le trou de jeu de l'index droit traversant le tenon du corps supérieur.

Une clarinette possédant une ou plusieurs de ces caractéristiques n'est pas forcément de fabrication anglaise ! Nous trouvons ainsi comme facteurs pour les instruments ci-dessus:

1 clarinette en La de marque "Bassi". fabrication allemande ou tchèque, vers 1920; système simple 13 clés et 2 anneaux, 5 rouleaux en ébonite orange .

2 clarinette en Sib de E.J. Albert à Bruxelles. système simple, 15 clés, 4 anneaux, 5 rouleaux. Système Barret main gauche.

3 clarinette en Sib de Cabart à Paris. système Clinton, 15 clés, 1 plateau, 4 rouleaux, système Barret main gauche.

4 et 5 jeu de clarinettes Sib/La de Boosey & Co, London. système Clinton, 15 clés, 1 plateau, 4 rouleaux, système Barret main gauche.

english clinton model barret action system

jeudi 19 mars 2009

Saxo-clarinette Couesnon 1934

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Voici un extrait du catalogue Couesnon de 1934 (Fac Simile par l'ACIMV, Larigot spécial n°XIX, Paris, déc.2008). Il fait apparaître sur la page 59 une saxonette, ou, plus précisément dans ce catalogue un instrument nommé "Saxo-clarinette".

Seuls modèles, ceux en Ut ou Sib, clétages 13 clés 4 anneaux ou système Boehm. Les modèles sont proposés avec clé de registre ouvrant sur le dessus, indiquant bien une utilisation spécifique pour le marché nord-américain. Pas de clétage à doigté saxophone comme pour l'instrument présenté dans le précédent message.

Le saxo-clarinette semble être en 1934 de création récente chez Couesnon. En tout cas, il n'est pas proposé dans le catalogue de 1929 et il ne survivra pas à la seconde guerre mondiale.

lundi 9 mars 2009

Clarinettes sopranos courbes

Les clarinettes sopranos courbes sont relativement rares. On ne les trouvent qu'aux Etats-Unis dans les années 1920-1940 sous le nom de "saxonet" , "saxonette", bien que les deux principaux fabricants dans les années 1930 soient français: les maisons Couesnon et Martin frères. La saxonette est d'ailleurs parfois nommée aux USA la "french clarinet"
Le terme saxonette n' indique pas un instrument hybride mais tout simplement une clarinette en forme de saxophone. Le doigté est généralement celui du système simple dit Albert à 13 clés avec 2 ou 4 anneaux.

Les saxonettes sont accordées en Ut ou Sib, la première de ces tonalités ayant été la plus en faveur. Ces instruments ont été surtout utilisés dans le jazz traditionnel; Il était encore possible d'entendre il y a une dizaine d'années ce genre d'instrument dans le quartier français de la Nouvelle-Orléans. Des modèles en La m'ont été signalés, mais aucun n'a pu m'être montré à ce jour.


clarinette Couesnon en Ut, système Albert à 4 anneaux
France, vers 1935
présentation curieuse, je l'avoue, avec bec
à l'envers et pavillon de travers !

pavillon de clarinette en Ut Couesnon


Le pavillon des clarinettes courbe Couesnon est beaucoup moins évasé et moins recourbé que ceux d'autres modèles de Saxonets, le son est dirigé plus à l'horizontal.





Clarinette courbe Supertone en Ut
système Albert 4 anneaux, vers 1935
marquée "Made in France"
(fabrication Martin frères à Paris ?)



Quelques rares modèles ont été réalisés avec le doigté dit "saxophone" c'est à dire la main gauche avec système simple, et la main droite avec le système Boehm, l'index droit donnant la note fa bécarre et non le fa dièse. Clarinette courbe Abbott en Sib

Clarinette à doigté de saxophone, cet instrument marqué "Abbott professional, Paris, Bb, L.P" est probablement un instrument de fabrication Martin frères, l'autre grand spécialiste de ce genre d'instrument avec Couesnon.



les modèles utilisant le système Boehm sont encore plus rares. On peut citer le modèle ci-contre réalisé par la marque américaine Buescher, spécialiste du saxophone, d'Elkhart, et la clarinette métal courbe en ut réalisée par la maison "Henri Selmer, Paris" suivant le concept de l'orchestre du micro d'Eric Sarnette, vers 1932-1935 (voir message ci-dessous).
Un modèle système Boehm était aussi proposé au catalogue de Couesnon vers 1935, mais je n'en connait pas d'exemplaire survivant.



Pour en savoir plus sur la clarinette métal courbe en ut par Henri Selmer et l'orchestre du micro, voir l'article paru dans la revue Larigot de l'Association des collectionneurs d'instruments de musique à vent, l'ACIMV, à Paris.

samedi 7 mars 2009

Clarinette courbe Selmer

"J'ait fait, immédiatement après la constructions des nouveaux instruments, une expérience en public, salle Pleyel le 10 avril 1932…"
(Eric Sarnette, "La musique et le micro", p.18)
clarinettes métal Selmer système Boehm
pour l'orchestre du Micro
Paris, vers 1933
clarinette courbe prototype en Ut et
clarinette droite en Sib modèle Radio-Improved (R.I)

mardi 17 février 2009

Georg Graessel: clétages spéciaux


clarinettes avec clétages argentés, systèmes allemands modifiés, vers 1930

Jeu de 7 clarinettes avec clétages spéciaux pour un amputé de deux phalanges de l'index gauche.

Les quatre instruments en Sib et La sont de la facture de Georg Graessel à Nuremberg, (Nürnberg), les clarinettes en Ut (C) et Mib (Eb) de Jul. Rudolph à Gotha e
la clarinette en Ré (D) de Mollenhauer & Söhne à Cassel.

Les clétages sur les instruments de Graessel sont originaux, ceux des autres instruments ont été modifiés (traces de rebouchages et modifications). Graessel est probablement l'auteur de toutes ces modifications, étant très renommé pour ses clétages de qualité.

clarinettes 1 et 2 de G. Graessel en Sib et La (Bb / A)

clarinettes 3 et 4 de G. Graessel en Sib et La (Bb / A)


étui des clarinettes 1 et 2 de Graessel



cleftage main gauche de la clarinette n°1 en Sib par Graessel









étui du jeu de clarinettes 3 et 4 (Sib/La Bb/A) par Georg Graessel

clarinette n°6 en Ré (D) de Mollenhauer & Söhne à Cassel



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Clarinette n°5 en Ut (C) par Jul.Rudolph à Gotha




clarinette n°7 en Mib (Eb) par Jul. Rudolph à Gotha



samedi 14 février 2009

Georg Graessel à Nürnberg: Brevet de 1919


Georg Graessel im Nürnberg
(Patentschrift n°324169, Klasse 51c Gruppe23)
Anordnung des Klappen am Oberstück einer Klarinette
patentiert im Deutschen Reiche vom 23 Dezember 1919 ab.
Ausgegeben am 18. August 1920

Georg Graessel, alias Gräßel ou Grässel est né en 1874 à Regnitzlosau. Il commence sa formation en 1896-1897 à l'âge de 22 ans avec Johann Voigt, premier facteur installé dans cette commune (voir précedent article du 28 décembre 2008), puis travaille ckez Heckel à Biebrich en 1899-1903 et ensuite chez différents luthiers, avant de s'implanter comme maître facteur d'instruments de musique en bois à Hof en 1909 et à Nuremberg vers 1910.

Il dépose une demande de brevet allemand le 23 décembre 1919 pour un système de clé de Sib clair pour la main supérieure, deux clés différentes étant actionnées en alternance en fonction de l'appui ou non de la clé de registre par le pouce gauche. Plusieurs versions dérivées de ce brevet seront réalisées par Georg Graessel.

Il sera en 1922 l'un des tous premiers à réaliser des copies de flûtes à bec historiques à la demande du musicologue Werner Danckert d'après des instruments de H.F. Kynseker, facteur du XVIIe siècle à Nuremberg.

A sa mort en 1948 à Nuremberg, l'atelier sera repris par son fils Fritz Graessel (1909-1984). L'ensemble du contenu de l'atelier est maintenant préservé au musée de Nuremberg (Germanischen Nationalmuseum).

dessin technique du brevet du 23 décembre 1919, publication le 18 août 1920


deux variantes de clétages vers 1930- 1940

d'après le brevet de 1919

bibliographie:
Th. Reil & E. Weller: "Der Klarinettenbauer Oskar Oehler", Markneukirchen 2008, ISBN : 978-3-00-025113-9

mardi 10 février 2009

Wood or not Wood ? That is the question ...


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Wood ou pas Wood ?
Cette question mérite en effet d'être posée.



James Wood, célèbre facteur anglais d'instruments de musique était installé à Londres entre 1799 et 1832.

En 1800, Il dépose un brevet (#2381, GB) ayant pour objet le chemisage en métal des trous fermés par des clés, pratique adoptée ensuite par la plupart des facteurs anglais, et par Simiot en France.
En 1804, il est dit successeur de John Hale, autre facteur londonnien de talent, lui-même successeur en 1785 de Collier.
En 1809, la British Encyclopaedia précise: "Il est bien dommage que peu de bassons soient parfaitement justes; ceux de Parker, Wood, Milhouse et Cramer sont généralement préférés".

En 1821, la raison sociale devient James Wood & Son et en 1832, son fils George Wood reprendra l'atelier à son nom puis en collaboration entre 1837 et 1847 avec Ivy sous le nom de "Wood & Ivy, late Geo. Wood".
La clarinette en Sib, ci-dessus, à 6 clés carrées de l'atelier de James Wood, est typique de la facture anglaise du début du XIXe siècle. Il n'en va pas de même pour celle en Ut, à 6 clés rondes et plates, qui est très différente et surement postérieure  (possible: un autre atelier anglais utilisant la renommée de la maison J. Wood).

l'estampille de James WOOD (clarinette en Sib)
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l'estampille sur la clarinette en Ut
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Le clétage de la clarinette en Ut ne ressemble pas à celui des instruments anglais de la première moitié du XIXe siècle:
- Les clés sont beaucoup plus massives, il en va de même pour les ressorts des deux grandes clés du corps inférieur.
- Le bec en buis est "flambant neuf" comme l'ensemble de l'instrument, y compris les clés et fixations en laiton.
- L'ivoire n'a pas été utilisé, surement pour faciliter la réalisation de cet instrument à un moindre coût dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Il est cependant tout à fait jouable à un diapason anglais c.440.