mardi 17 février 2009

Georg Graessel: clétages spéciaux


clarinettes avec clétages argentés, systèmes allemands modifiés, vers 1930

Jeu de 7 clarinettes avec clétages spéciaux pour un amputé de deux phalanges de l'index gauche.

Les quatre instruments en Sib et La sont de la facture de Georg Graessel à Nuremberg, (Nürnberg), les clarinettes en Ut (C) et Mib (Eb) de Jul. Rudolph à Gotha e
la clarinette en Ré (D) de Mollenhauer & Söhne à Cassel.

Les clétages sur les instruments de Graessel sont originaux, ceux des autres instruments ont été modifiés (traces de rebouchages et modifications). Graessel est probablement l'auteur de toutes ces modifications, étant très renommé pour ses clétages de qualité.

clarinettes 1 et 2 de G. Graessel en Sib et La (Bb / A)

clarinettes 3 et 4 de G. Graessel en Sib et La (Bb / A)


étui des clarinettes 1 et 2 de Graessel



cleftage main gauche de la clarinette n°1 en Sib par Graessel









étui du jeu de clarinettes 3 et 4 (Sib/La Bb/A) par Georg Graessel

clarinette n°6 en Ré (D) de Mollenhauer & Söhne à Cassel



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Clarinette n°5 en Ut (C) par Jul.Rudolph à Gotha




clarinette n°7 en Mib (Eb) par Jul. Rudolph à Gotha



samedi 14 février 2009

Georg Graessel à Nürnberg: Brevet de 1919


Georg Graessel im Nürnberg
(Patentschrift n°324169, Klasse 51c Gruppe23)
Anordnung des Klappen am Oberstück einer Klarinette
patentiert im Deutschen Reiche vom 23 Dezember 1919 ab.
Ausgegeben am 18. August 1920

Georg Graessel, alias Gräßel ou Grässel est né en 1874 à Regnitzlosau. Il commence sa formation en 1896-1897 à l'âge de 22 ans avec Johann Voigt, premier facteur installé dans cette commune (voir précedent article du 28 décembre 2008), puis travaille ckez Heckel à Biebrich en 1899-1903 et ensuite chez différents luthiers, avant de s'implanter comme maître facteur d'instruments de musique en bois à Hof en 1909 et à Nuremberg vers 1910.

Il dépose une demande de brevet allemand le 23 décembre 1919 pour un système de clé de Sib clair pour la main supérieure, deux clés différentes étant actionnées en alternance en fonction de l'appui ou non de la clé de registre par le pouce gauche. Plusieurs versions dérivées de ce brevet seront réalisées par Georg Graessel.

Il sera en 1922 l'un des tous premiers à réaliser des copies de flûtes à bec historiques à la demande du musicologue Werner Danckert d'après des instruments de H.F. Kynseker, facteur du XVIIe siècle à Nuremberg.

A sa mort en 1948 à Nuremberg, l'atelier sera repris par son fils Fritz Graessel (1909-1984). L'ensemble du contenu de l'atelier est maintenant préservé au musée de Nuremberg (Germanischen Nationalmuseum).

dessin technique du brevet du 23 décembre 1919, publication le 18 août 1920


deux variantes de clétages vers 1930- 1940

d'après le brevet de 1919

bibliographie:
Th. Reil & E. Weller: "Der Klarinettenbauer Oskar Oehler", Markneukirchen 2008, ISBN : 978-3-00-025113-9

mardi 10 février 2009

Wood or not Wood ? That is the question ...


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Wood ou pas Wood ?
Cette question mérite en effet d'être posée.



James Wood, célèbre facteur anglais d'instruments de musique était installé à Londres entre 1799 et 1832.

En 1800, Il dépose un brevet (#2381, GB) ayant pour objet le chemisage en métal des trous fermés par des clés, pratique adoptée ensuite par la plupart des facteurs anglais, et par Simiot en France.
En 1804, il est dit successeur de John Hale, autre facteur londonnien de talent, lui-même successeur en 1785 de Collier.
En 1809, la British Encyclopaedia précise: "Il est bien dommage que peu de bassons soient parfaitement justes; ceux de Parker, Wood, Milhouse et Cramer sont généralement préférés".

En 1821, la raison sociale devient James Wood & Son et en 1832, son fils George Wood reprendra l'atelier à son nom puis en collaboration entre 1837 et 1847 avec Ivy sous le nom de "Wood & Ivy, late Geo. Wood".
La clarinette en Sib, ci-dessus, à 6 clés carrées de l'atelier de James Wood, est typique de la facture anglaise du début du XIXe siècle. Il n'en va pas de même pour celle en Ut, à 6 clés rondes et plates, qui est très différente et surement postérieure  (possible: un autre atelier anglais utilisant la renommée de la maison J. Wood).

l'estampille de James WOOD (clarinette en Sib)
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l'estampille sur la clarinette en Ut
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Le clétage de la clarinette en Ut ne ressemble pas à celui des instruments anglais de la première moitié du XIXe siècle:
- Les clés sont beaucoup plus massives, il en va de même pour les ressorts des deux grandes clés du corps inférieur.
- Le bec en buis est "flambant neuf" comme l'ensemble de l'instrument, y compris les clés et fixations en laiton.
- L'ivoire n'a pas été utilisé, surement pour faciliter la réalisation de cet instrument à un moindre coût dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Il est cependant tout à fait jouable à un diapason anglais c.440.

 

samedi 24 janvier 2009

Cors de basset français et clarinettes altos en Fa

Le cor de basset n'a jamais été en France un instrument populaire comme cela a pu être le cas en Allemagne et en Bohême. Bien qu'introduit à la fin du XVIIIe siècle, on ne le trouve que rarement à l'Opéra de Paris et dans les concerts publics.


Les trois seuls instruments français encore conservés de nos jours sont tous de forme courbe comme les premiers instruments des Mayrhofer de Passau qui passent pour être les inventeurs de cet instrument. Ils sont tous trois conservés au Musée de la Musique à Paris.


Notons que Michel AMLINGUE, facteur parisien originaire de Trêves en Allemagne, et BÜHNER & KELLER, strasbourgeois, étaient plus soumis à l'influence germanique que Dominique Porthaux, le troisième facteur connu de cors de basset, natif lui d'Antony près de Paris. Selon le musicologue Jean Jeltsch, l'instrument basse cité en 1775 comme invention de Gilles Lot a pu être aussi une sorte de cor de basset.


Les cors de basset sont identifiables par leur ravalement, sorte de prolongation du tube vers le bas pour descendre en général une tierce majeur en dessous de la clarinette, avec ajouts de clefs au pouce.


Cette prolongation est généralement obtenue par une protubérance appelée boîte dans laquelle le tube forme un esse.


Bien que les premiers cors de basset soient accordés en La et en Sol, la tonalité qui s'imposera à la fin du XVIIIe siècle et au XIXe siècle sera celle de FA et la forme celle anglée avec un coude entre les deux corps principaux.
clarinette alto par J.F.Simiot, Lyon, vers 1820 (musée Oxford)

Il faut attendre les développements de la clarinette à 13 clés et de son modèle alto par Iwan Müller en Allemagne avec Grenser puis avec les facteurs parisiens, mais surtout ensuite les inventions de Jean-François Simiot et de l'école de facture lyonnaise pour trouver une véritable clarinette alto de qualité, fiable tant au niveau auditif qu'au niveau facture instrumentale.



signature de Jean-François Simiot en 1814 à Lyon


clarinette alto en FA par la maison Simiot et Brelet à Lyon, vers 1850, proposée en salle des ventes, étude de maître Guy Laurent à Vichy (décembre 2007, cliché DW)

La Revue Musicale
(1828, tome III pp 470-472)



Les premières clarinettes altos en France seront surtout accordées en Fa. L'importance prise par Adolphe Sax et sa réforme des musique militaire dans la deuxième moitié du XIXe imposera progressivement un instrument accordé en Mib, avec la forme moderne de l'instrument et son pavillon en métal recourbé vers le haut pour mieux diffusé les sons.


Cependant, certains instruments continueront à être réalisé en FA dans la deuxième moitié du XIXe siècle. C'est le cas de plusieurs instruments réalisés en France par Buffet-Crampon et en Belgique par Mahillon.


Modèle d'atelier Buffet-Crampon & Cie


en FA "AD" (Fa Ancien Diapason), ca 1870-1880
































marque sur le corps du haut: FA AD (pour Fa Ancien Diapason / F old Pitch)
et le clétage main gauche avec un plateau pour l'annulaire

clétage modifié main gauche
un des huit tampons d'origine sur quinze (clé de registre / register key)


clétage main droite


le mauvais ajustement des têtes de clés sur les trous est un autre élément déterminant cet instrument comme un modèle d'atelier ou prototype.


De gauche à droite (left to right):
Clarinette syst. Boehm en Sib (diapason haut / Bb High Pitch), Buffet-Crampon & Cie, ca 1920
Clarinette alto syst. Boehm en Fa (F), Buffet-Crampon & Cie, ca 1900-1930, sans n° de série (without serial number)
Clarinette alto syst. simple en Fa (F) Buffet-Crampon & Cie, prototype AD (ancien diapason / old Pitch), ca 1870-1880. le pavillon est bien sur un remplacement de présentation (the bell is of course non original).

le bocal et le support de pouce avec anneau
un système utilisé par Buffet-Crampon & Cie de la fin XIXe jusqu'aux années 1920: un ressort plat sous la clé grave de Fa# droit (flat spring under the right low F# key)




Des clarinettes altos seront fabriquées tout au long du XXe siècle sous le nom de "Cor de basset descendant au mi grave (catalogue Selmer, vers 1978).


Elles serviront surtout aux clarinettistes pour jouer les parties de cor de basset du Requiem de Mozart qui ne nécessitent pas l'utilisation des notes les plus graves du véritable cor de basset.
alto klarinette basset horn