Johan Wilhelm (Jean Guillaume) JUNG est né le 13 juin 1789 à Neustadt (D) et était le fils d'un marchand sellier.
Il vient travailler à Lyon vers 1810 comme apprenti facteur d'instrument. Il tente de s'implanter en 1813 à Keppenheim au nord de Freiburg dans l'actuel Bade-Wurtemberg, mais on le retrouve bien vite à Lyon où il se marie en juin 1813 et où il exerce son métier en 1814-1815.
clarinette en Sib/La à six clés carrées en laiton, vers 1815
(6e clé standard main gauche) vichy enchères, mai 2015
bulbe et pavillon marqués B / barillet et les deux autres corps marqués A
Jung s'installe à Marseille dans le courant de l'année 1815 comme fabricant d'instruments à vent spécialisé dans les clarinettes et les bassons, instruments très demandés par les nombreuses musiques militaires.
Il ne dédaigne pas pour autant les instruments traditionnels du Sud de la France, comme l'atteste deux galoubets de sa fabrication conservés dans la collection du musée de la Musique à Paris (E2112.1) et au musée de Saint-Chamas.
Clarinette en Ut à 5 clés carrées de Jung à Marseille, vers 1815-1820 (Orphée, Paris, 2008)
.
Instrument en Ut typique des années 1800 à 1820 avec ses cinq clefs carrées en laiton et ses bagues de garniture en corne. la bague inférieure du pavillon étant monoxyle, comme sur beaucoup de clarinettes en Ut prévues pour l'armée.
.
.
.
.
L'atelier de Jean Guillaume Jung était situé sur le Cours Saint-Louis à Marseille. Il était aidé de plusieurs apprentis et compagnons, tous d'origine allemande, dont son futur gendre Frédéric Widemann, un spécialiste de la clarinette à Paris en 1836-1850 et fournisseur pour cet instrument du Gymnase militaire dirigé en 1838 par Hyacinthe Klosé, une référence clarinettistique!
Petite clarinette en Mib à 8 clés en pelle à sel, Jung à Marseille, vers 1840
instrument à usage militaire
.
.
.
.
.
.
Clarinette en Ut à 14 clés en pelle à sel, Jung à Marseille, vers 1840 (coll. DW)
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.Ce bel instrument montre l'influence de la facture lyonnaise sur Jung, et ce 25 ans après son départ de Lyon pour Marseille !
.
.
.
.
.
La clé de registre ouvrant sur le dessus est notamment typique de la facture vers 1808 de Jacques François Simiot (1769-1844) puis de ses élèves.
.
.
Jean Guillaume Jung exerce encore à Marseille en 1844 comme l'atteste une clarinette en Sib possédant un pavillon frappé de cette date, ainsi qu'une clarinette en Sib en ébène et ivoire avec un clétage à 13 clés probablement en maillechort ou dans un alliage proche, datable vers 1845-1850.
Clarinette en Sib à 13 clés en pelle à sel, Jung à Marseille, vers 1845-1850
(coll. DW)
Dans les années 1850, Jung semble être de retour aussi à Lyon. Plusieurs instruments de sa fabrication sont, en tout cas, estampillés "JUNG / A LYON". En buis et à 13 clés en laiton, ils sont de facture plus simple et à l'usage probable de l'armée. Les trous de jeu de la main droite sont très gros pour pouvoir augmenter la puissance de l'instrument.
Remarquer l'usage ancien des clés de médium séparées ainsi qu'un bras de levier fixé sur le côté de l'instrument pour la clé grave de Fa/Do pour l'auriculaire droit.